The dark night

Sa libération s'était produite au moment le plus improbable. La situation semblait perdue, Artémis se savait condamnée, Draco ayant épuisé toutes ses cartouches pour la maintenir en vie et la sortir de là quand, venue de nul part, un simple ordre lui avait ouvert les portes et permit de voir à nouveau le ciel.

Désorientée, affaiblie, Artémis s'était laissée guider par le premier venu, Dorian, homme de confiance de Barker, et avait rejoint sa retraite, une maison à la campagne où elle n'avait fait que dormir depuis deux jours.

Sans aucun doute, elle était soulagée et plus que jamais redevable à son mentor, Barker. En colère, aussi, de se savoir si fragile et exposée. Mais ce qui dominait, pour l'heure, c'était les regrets et une pointe de culpabilité. Draco avait tout risqué pour l'aider et elle était partie sans même le prévenir ou le remercier.

Alors, n'en déplaise à Nathaniel, elle avait fini par se lever et s'habiller. Pas de chichis, elle n'en avait tout simplement par la force, mais pas débraillée pour autant, elle en était physiquement incapable, elle avait franchi la porte et pris le chemin du manoir Malfoy.
Qu'elle soit libre n'y changeait rien, Artémis tenait à rester discrète et fit tous les contrôles d'usage avant de s'inviter dans les appartements de Draco. C'est sans surprise qu'elle découvrit le premier mouchard. Par contre, au bout d'une bonne dizaine, elle commença de s'inquiéter. C'était donc là toute la confiance qu'on accordait à son ami? Pourtant dévoué et neveu de la numéro trois du gouvernement? La maison était aussi piégée avec un détecteur de présence comme on en faisait beaucoup ces derniers temps. Le règne de la confiance, rien d'autre. Difficile de savoir quelles protections étaient du fait de Draco et lesquelles étaient installées à son insu.

A la recherche du meilleur moyen de s'entretenir discrètement avec Draco, Artémis finit par identifier la seule salle de la maison qui ne soit pas équipée: la chambre.
Voila qui ne convenait pas du tout à une lady et qui en disait long sur la vie de Draco. La chambre, pièce la moins utilisée par son propriétaire? Avec une grimace de déplaisir, elle s'assit sur une chaise et détailla la décoration du lieu. Douteuses, comme de bien entendu.
Restait à espérer que Draco avait bien son propre système de sécurité et qu'il était au courant qu'il avait de la visite. Sinon Artémis risquait d'attendre longtemps. Or la nuit commençait déjà à tomber et les ombres s'élargissaient de plus en plus, rendant le lieu inquiétant au delà de ce que la demoiselle pourrait supporter bien longemps.

L'histoire Prewett fut pour Draco un coup de massue sur ses doigts. Et c'est bien le cas de le dire.
Son non professionnalisme face à l'emprisonnement et l'accusation de son ancienne camarade de classe et surtout l'arrivée d'un des hauts placés dans ce sac de nœuds n'arrangea rien. Mais c'était sans compter sur sa tante qui tenait à cœur les intérêts de son neveu. Oh surement pas par amour. Mais avoir bien placé un homme de confiance lui était bien utile et Draco lui en devait trop pour ne pas lui être redevable. Et c'est bien ça qui le sauva.

Est-ce pour autant que le jeune homme ne fut pas mit à pied quelques jours et relégué un temps à de basses taches? Il retombait en bas de l'échelle. Il était en colère contre lui, contre la jolie rousse et contre ce système. Winchester ne s'en sortirait pas comme ça. Bien sûr il avait répété tout ce que l'homme avait pu dire à sa chère tante, qui allait se faire un malin plaisir de tout répéter au Maitre.
La suite ne le concernait plus. Il espérait juste que sa participation serait mise en valeur et qu'ainsi il redorait son blason et montrait sa loyauté.

Draco travaillait de plus en plus. Et de plus en plus tard. Mais un petit quelque chose le fit rentrer plus tôt ce soir là.
Il se devait d'être au plus vite au manoir pour connaitre l'identité de son espion non invité.

Ni une ni deux, Draco rentra chez lui. Il jeta son manteau et chapeau sur l'elfe de maison, qui arriva vers lui en courant quand il eut claquer la porte.
A grande enjambée, Draco monta à l'étage vers sa chambre, sans même passer par le salon et embrasser sa mère.

Sa chambre. Une pièce qui lui devenait étrangère. Il y venait de moins en moins ou bien juste pour profiter du lit. Le manoir aussi lui devenait étranger. Draco restait de plus en plus dans un appartement de Londres que ses parents lui avaient offert il y a peu.

A peine la porte ouverte, il vit une ombre dans la pénombre. Le parfum, qui embaumait la pièce de son odeur légère, ne fit aucun doute sur le nom de cette présence. Il sourit un peu amèrement, mais en même temps, au plus profond de son cœur fut soulagé.

Je ne pensais pas te revoir de si tôt. Que me vaut l'honneur de cette visite de courtoisie? Dois-je me préparer à devoir, encore, subir des dommages collatéraux de tes frasques?

Au moins n'avait-il pas mis trop longtemps. Sa phrase d'accueil, par contre, était des plus grinçantes à entendre.
D'une grimace, Artémis accusa le coup. Difficile de le regarder en face aussi.
Dire qu'elle s'en voulait serait un bel euphémisme.

- J'aurais préféré que tu ne sois pas mêlé à toute cette histoire... Me croiras-tu si je te dis être désolée?

Draco entra dans la pièce et referma la porte en douceur. Il alluma la lumière, sans un mot. Il alla s'installer dans un des fauteuils de la large pièce.
Il semblait contrarié à moins que ses traits tirés en soient dû à un surplus de travail.

Oui, je te crois.

Simple mais sincère.

Tout comme je crois aussi que tu t'es servi de moi en modifiant légèrement le plan initial.

D'une voie mourant, préfère ne pas trop s'engager, ne sachant pas exactement à quel passage il fait référence:

- Rien ne s'est passé comme prévu....

Un peu ironique.

Oui, ça, j'avais remarqué.
Mais ce qui m'énerve le plus, c'est qu'au seul moment où tu pouvais limiter la casse tu t'es engouffrée dans une faille et moi avec.
Mais qu'importe, car au final, tu es là et libre.

Draco pointa son regard gris sur elle.

Alors qui est ce sauveur de derrière minute. Si tu es là c'est que ce n'est pas Winchester.

Draco, grand détective.

[et un poste de perdu pour une conne de manip'! ça faisait longtemps.]

A la remarque de Draco sur ses choix, ne peut s'empêcher de répliquer:

- Tu n'as pas idée...!

...

Mais ce stoppe, un silence lui en coutant pour seule fin de phrase. Elle ne désirait pas se lancer dans ce genre de discussion. Au lieu de ça, elle prit le parti de tempérer sa voie et de répondre à la question qu'on lui posait.

- Comme je l'ai dit, nous avons pris deux chemins très différents.

Et le mystère demeurerait. Barker tenait à rester anonyme. Ce qui n'empêchait pas que le vampire était intervenu trop tard.

- Sans toi, je serais morte. Merci.

N'en ayant pas fini avec ce qu'elle était venue dire, Artémis resta là, prostrée sur sa chaise et tournée de trois quart par rapport à Draco.

[T'as plus monkey truc sous firefox?]

Ca non, il n'avait pas idée et que cela lui effleure l'esprit n'était guère possible pour le moment. Draco marchait sur une plaque de glace qui pouvait se briser à tout moment. Et cette épée de Damoclès au dessus de sa tête n'aidait en rien dans sa façon d'aborder en toute logique les choses.

Mais il acquiesça d'un signe de tête quand elle le remercia. Malgré tout, et même si ça lui en coutait, il ne l'aurait pas laisser se faire tuer sans rien faire.

Il me semble en effet. Mais que tu finisses comme présumé meurtrière ne me semble pas un choix des plus judicieux. Peut être devrais-tu revoir le sens de tes priorités et de tes envies. Un chemin certains chemins ne sont pas bons à prendre.

[Si, si, mais là, j'étais même pas connectée]

Amère, mais sa virulence gardée pour elle par égard pour Draco:

- Parce que je suis la coupable, maintenant? Je me croyais victime de tes collègues, justement, trop occupés à me voir coupable pour mener une véritable enquête!


N'aime pas s'engager sur cette voix, mais ne peut s'en empêcher, trop fatiguer pour se retenir.


- Nous avons tous quelques concessions à faire, il me semble... Mais au moins ne suis-je pas du côté de ceux qui ont mis en haut de liste un génocide.

Regrette déjà ce qu'elle a pu dire et, le visage tordu de douleur, tourne un regard coupable vers Draco. Ne supporte pas ce qu'elle y voit et se met séant pour mieux s'en défaire.
Telle une supplique, même si son intention était d'être plus ferme et digne:

- Ne juge pas mes actes. Tu sais aussi bien que moi que nous n'y gagnerons pas.

Un peu plus véhément, Draco se leva comme pour évacuer sa colère.

Présumé. Je ne t'ai jamais cru coupable. Garde bien ça en mémoire Artémis. Mais, comme à ton habitude tu joues pas totalement la carte de la franchise.
A Poudlard, cela n'avait pas de lourde conséquence, mais maintenant les choses ont changé. Tout à changé.

Draco s'approcha d'elle, le regard perçant.

Et si tu ne veux pas que je juge tes actes, ne juge pas les miennes. Tu ne pourrais même pas en comprendre le cheminement.

Il émit un rictus un peu désabusé.

Et des concessions, tu sembles en avoir fait pour trouver quelqu'un qui te sauve de justesse.

Hautaine, se contente de renvoyer un regard dégouté à Draco, bras croisés sur son torse pour mieux se protéger des propos véhéments qu'on lui adresse.


- Je n'ai rien à me reprocher. Pas plus que toi en tout cas. Tu le sais aussi bien que moi! Alors finissons-en avec ces accusations qui ne mènent nul part.

Si tu as quelque chose à me dire, dit-le clairement, mais ne nous fait pas l'affront de tourner autour du pot.

Et hausse le menton, telle une reine prête à monter sur l’échafaud. Cette fois-ci, elle fixait Draco, le mettant au défi de se défiler en poursuivant ses jérémiades stériles autant que puériles.

Un peu lasse.

Non, je n'ai rien d'autre à ajouter. Je sais déjà comment cela finira et je n'en ai aucunement envie.

La fixant à son tour.

Si tu n'as pas envie de me parler et de m'avouer la vérité, soit. Mais ne vient pas me faire la morale par la suite.

Il passa sa main dans ses cheveux et changea de sujet.

Mais, je manque à tout mes devoirs, que me faut l'honneur de ta visite.

Faire fi de ce qu'il avait sur le cœur était la meilleure solution pour éviter une énième engueulade, tout comme de savoir le fin fond de ce qui le tracassait. De toute façon, il le saurait. Il chercherait.

Excédée, décide que ça ne vaut pas la peine de s'énerver, grande dame.

- J'étais venue voir si je pouvais faire quoi que ce soit pour me faire pardonner, mais apparemment la réponse est non...

Lâche soudainement toutes ses résolutions, contre toute attente. Sa retenue, autant dans ses gestes que dans ses mots, la froideur qu'elle affichait, tout vola en éclat pour libérer le flot de ses émotions, mélange de déception, de frustration et de colère.
Se met soudainement à marcher vers Draco avant de poursuivre sa marche dans la chambre pour mieux extérioriser le tout.

- Mais qu'est-ce que tu veux savoir, exactement? Le nom de celui qui m'a sorti de prison, c'est ça? Ce secret n'est pas le mien, tu le sais!

Sur ce dernier mot, sa voix se brisa, à bout. Draco lui en demandait trop, c'était parfaitement injuste. Le temps de se reprendre un tant soit peu et elle reprit de façon un peu plus civilisée.

- Formule ta question et je t'assure que si la vérité est de mon ressort, je te la donnerais sans hésiter.

Quelque part, sa fierté rongeait son frein, se demandant de quel droit on la traitait comme une mythomane maladive. Rien ne justifiait ce genre d'attaque.

La tension qui était descendu d'un léger cran remonta bien vite. Lui, qui pour une fois, tentait de calmer les choses et de faire profil bas, raté.

Draco la regarda arpenter la pièce et débiter sa colère, soutenue, enfin qui tentait de l'être.

Tout aussi froid qu'elle, le jeune homme lui répondit.

Tu viens d'y répondre, donc pas la peine de la reformuler. J'ai bien compris que tu ne dirais rien.

La fixant toujours, il se recula pour s'appuyer contre sa large fenêtre.

Et pour te faire pardonner, tu y arriveras si je n'ai pas à te resauver, car tes nouveaux amis secrets ne sont plus présents.

Il voulait savoir. Pour tout un tas de raisons, dont la principale était qu'il ne voyait pas de qui si puissant pouvait la tirer d'affaire face à Winchester. Etant donné qu'il ne s'agissait pas de sa tante, qui pouvait être plus important que le numéro deux et trois du gouvernement. Mais aussi parce qu'il s'inquiétait pour elle. Vu dans la situation dans laquelle il la retrouva, il y avait de quoi.

Souffle avec un rire sarcastique à la dernière réplique de Draco, n'en croyant pas ses oreilles.

- Tu es jaloux, c'est ça? Je ne vois pas d'autre explication. Sauf peut-être une bonne dose de mauvaise foi mêlée de stupidité. Tout en même temps, peut-être bien!


Fait mine de réfléchir tout en se dirigeant vers Draco pour mieux se planter sous son nez.

- J'ai beau chercher, je ne vois pas quoi d'autre...

Doigt posé sur le menton en une pantomime de penseur, reporte son regard sur Draco, interrogative:

- Parce que, soit honnête avec moi: si je te demandais des informations sur tes enquêtes en cours, ou même passées, me les donnerais-tu? Si je te demandais le nom de la dernière personne que tu as tué, me le donnerais-tu...?

Si, au début, son ton était à la limite d'être léger et naïf, il était maintenant incisive et piquant. Cette fois-ci, elle ne lui laisserait aucune échappatoire.

Au final, ne serait-elle pas mieux en prison? Au moins il aurait la paix, et ne serait pas encore obligé de blablater avec elle. Voilà pourquoi ça ne marcherait jamais entre eux. Elle parlait trop. Non, pas une fille pour lui.
Mais là n'était pas la question. Qu'elle était-elle au fait?

Il la fixait le regard dur, ne bougeant pas d'un iota. entre ses dents blanches:

Tu mélanges tout Artémis. Je ne te parle de ce que tu fais mais de qui.

Draco prit soudain conscience de mots qu'elle dit auparavant. Leurs chemins n'étaient certes pas les mêmes, mais pire que tout ils étaient loin et les guidaient sur un point de non retour. Mais plus que tout, Draco pensait qu'elle se trompait et se dirigeait droit dans le mur. Il acceptait qu'ils diffèrent, mais pas qu'elle se massacre.

Il lui attrapa le poignet entre douceur et fermeté, le laissant cependant sur son menton.

Quand à la jalousie ou la stupidité, il n'y a pour moi que de l'inquiétude. Je ne te demande pas quoi, juste qui, pour m'assurer sans craintes de ne pas te revoir derrière une porte de ma prison.

C'était donc ça. Tout simplement. Même si c'était dur à imaginer de la part de Draco, elle savait comment gérer son inquiétude.
Le temps d'accuser le coup, un rire léger lui échappa en même temps que sa nervosité.

- Au contraire, ça a tout à voir. Peu importe le qui ou le quoi.

Un autre rire et elle balayait toutes ces questions.
Devait s'en suivre un mouvement tout naturel pour Artémis. Avançant autant qu'elle tirait Draco à elle par l'intermédiaire de sa prise sur son poignet, elle utilisa son bras libre pour mieux le serrer contre elle et glisser à son oreille, apaisée:

- Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. C'est une perte de temps et d'énergie.

Dépose un léger baiser sur sa joue.

- J'ai fait l'erreur d'en douter, de sous estimer mon protecteur, mais maintenant je sais qu'il sera là pour moi.

Draco s'agaça et continua à ronger son frein. Il ne savait pas ce qu'il l'énervait le plus. Le fait qu'elle ne réponde toujours pas à ses attentes et en fasse qu'à sa tête (comme d'habitude) ou bien qu'elle conclue ce questionnement par un sentiment de douceur qui le mettait mal à l'aise.

Le jeune homme ne réagit pas, enfin en amont. Car en aval, ses muscles se tendaient et se contractaient (mais attention pas d'idées malsaines hein^^)

Mais Draco n'allait pas se plonger dans un sentimentalisme de comptoir. Non, non, loin de là. Il se resaisit face à ce moment de flottement. Après n'avoir pas bouger d'un iota, les yeux dans le vague. Il lacha le poignet de la jeune femme et se décala un peu.

Pas lieu de s'inquiéter. Se retrouver en prison, risquer de mourir, et me planter ne donnent pas lieu de s'inquiéter. Nous n'avons décidement pas la même notion des choses.

Il avait dit ça non sans amertume, lasse, d'un ton morne.

Prend le parti de se montrer joyeuse à outrance, bien que la rebuffade lui en coute, et laisse Draco imposer sa volonté sans faire le moindre geste pour se rapprocher ni s'éloigner:

- Ne comprends-tu pas? C'est un adieu, Draco. Peu importe ce qu'il pourra m'arriver à compter de ce jour, ça ne te concernera plus.


Plus doucement, presque tendrement, joue avec lui comme un chaton le ferait et attrape le bord de la veste du jeune homme pour mieux le faire réagir:

- Plus lieu de s'inquiéter, dans ces conditions. Si jamais je devais me retrouver dans cette terrible situation une seconde fois, tu n'aura pas à bouger le petit doigt. Telle est ma volonté.

Se moque avec autant de gentillesse que possible, une gentillesse tout ce qu'il y a de plus sincère, appartenant à une Artémis que Draco n'avait jamais vu jusque là. Une Artémis qui savait où aller et comment s'y prendre. Une Artémis poussée par l'urgence et qui a pris une décision.

- A moins que tu ne sois un inconditionnel des accès de sensiblerie, incapable de te contrôler quand une demoiselle se trouve en détresse... Ce me semble être la meilleure solution qui soit.

Draco laissa échapper un rictus de dépis. Il se détâcha de la jeune femme pour faire quelques pas dans la pièce.

C'est à cette stupide conclusion que tu es arrivée, hein? La tiendras-tu seulement? Preuve en est à la prison et ce soir?

Le jeune homme se replaça face à elle, le regard dans le sien.

Quand au reste, à ce que j'en pense cela ne te regarde plus.

Un éclair de colère passa bien dans son regard, le temps qu'Artémis reçoive de plein fouet l'insulte. C'était elle qui était stupide? Quel idiot! Et le pire dans cette histoire, c'est qu'il allait l'obliger à mettre des mots sur une réalité qu'elle n'assumait pas.
L'envie de l'étriper passant difficilement, elle finit par articuler d'un ton guindé:

Que je m'y tienne n'est pas la question. C'est toi qui a des choses qui pourraient m'intéresser. C'est toi, qui ferait mieux de te protéger. C'est toi qui a manqué mettre en péril ta situation au nom d'une amitié d'école.

Tu dois t'assurer que ça ne se reproduira pas.

Enfin, avec tout ça, au moins Draco avait-il compris une chose: qu'il ne lui fasse plus part du fond de ses pensées était bien la moindre des choses.

Parce que le moment venu, quand il sera avéré que tu as quelque chose que je convoite, je viendrai, tu peux en être sur.

Pour conclure.

Donc ce soir n'est qu'une discussion de plus entre deux amis d'école.

Le point final qui planait n'était que poudre aux yeux. Est-ce que cela le rassurait, peut être? Mais pour le moment son esprit vagabondait à mille lieux de cela. Car il se rendait peu à peu compte qu 'elle avait en effet raison. Qu'il devait pensé à sa situation, car cette fois, il ne pouvait fanfaronner, sa vie, celle de sa famille en dépendait. Conclusion simple, certes, mais sa loyauté envers son amie ne pouvait avoir une fin telle.

Doute, envie et suspicion ne pouvait être ce qui les unissaient maintenant. Et pourtant. Ils étaient dans une impasse.
À ce moment, Draco n'eut qu'une envie. La haïr pour cela. Pour ne pas l'avoir suivit. Avoir suivit une voie autre et éloigné de lui. Elle qui au final avait été ce qui se rapproche le plus d'une amie, d'un comparse, quelqu'un qui le connaissait réellement.

Eh bien dans ce cas, j'attends de voir comment tu t'en sortiras ma chère. Même si mon intérêt pour ta sûreté T'es acquis ce soir, il en est autre quand à ce que je défends et protège. Même face à une tigresse comme toi.

Artémis n'était pas aveugle, et encore moins insensible. Les émotions qu'elle voyait défiler sur le visage de Draco, c'était les siennes. Ni plus, ni moi. A tel point qu'elles trouvèrent une résonance douloureuse chez la jeune sorcière.
L'envie de le prendre dans ses bras qui la saisit soudainement n'avait plus rien de la simple affection ou du désir qu'elle aurait pu y mettre dans une autre vie, ni de l'espoir qu'il la sauve d'une mort atroce.
C'était différent.
Une chose à laquelle on ne renonçait pas sans une bonne raison. Une vraie.
Malheureusement - c'est du moins ce qu'elle pensait pour l'instant - ce qu'elle visait était une cause qui en valait la peine. Mille fois.
La liberté, ni plus, ni moins. De vivre dans un monde qui n'est pas ligoté par ses traditions et sa peur de l'autre. Un monde qui ne se cache pas et qui ouvre ses portes au changement.
Son monde.
Son objectif bien en vu, la jeune sorcière resta aussi stoïque que possible malgré que ça lui en coute. Le temps de détourner le regard, du moins.

- Dans ce cas, regarde bien. Parce que je ferais du mieux possible. Pour nous et nos proches. Pour ceux qu'on aime. Tu verras qu'il n'y a rien que je ne puisse faire.

Voila qui sonnait un peu enfantin à ses oreilles, un ridicule filet de voix ayant parvenu à franchir sa gorge. Blessée dans sa fierté de ne pouvoir se montrer sous un meilleur jour, Artémis se redressa, appuyée dignement sur une cane de résolution qui la rendit tout juste un peu plus batailleuse que d'habitude. Ne manquaient que ses boucles détachées pour parfaire le tableau. Une vraie filles des rues prête à en découdre. Avec les poings s'il le fallait.
Pourquoi se sentait-elle toujours aussi ridicule quand elle parlait de ses projets à Draco? C'était ridicule!
Même face à de hauts dignitaires du gouvernement en place, elle éprouvait moins d'appréhension à formuler des propos subversifs.

Plus calme, plus assurée, à ce souvenir rassurant, plus sérieuse que jamais, aussi.

Tu sais ce que je pense du Seigneur des Ténèbres. Nous avons suffisamment discuter de nos points de vu respectifs et de leurs divergences pour savoir qu'il n'y avait pas moyen de s'entendre sur nos modes de vie. Mais, si j'arrivais à te convaincre qu'il n'est pas le chemin à suivre... M'aiderais-tu?

A sa question, Draco ne put que répondre par la négative. Il ferma les yeux et fit non de la tête. Il semblait avoir prit dix ans en à peine quelques minutes. Aussi bien physiquement que dans sa tête. Trop de choses y étaient chamboulées et beaucoup n'étaient encore que des bribes, le reste appartenait au passé. Le jeune homme avait l'impression de ne plus avoir de présent.
Mais sa réponse, il en était sûre.

"- Et moi arriverais-je à te convaincre? Ni l'un ni l'autre n'avons réussit avant, ce n'est pas maintenant que cela changera. Même si tu es venue interférer à un moment dans la vie que j'ai choisi. Mais, je l'ai choisi. Même si ne l'accepte pas. Ce que je dois accepter tu dois le faire aussi. Si je ne dois pu me soucier de toi, tu ne dois plus te soucier de moi. Ce qui vaut pour l'un vaut pour l'autre. Tout n'ira pas toujours en ton sens."

Draco ne remettait pas en cause ce fait. La jeune femme devait, tout comme lui, en prendre conscience. Peut être l'avait-elle fait et cette question était le dernier appel? Ou bien le souvenir de leurs disputes stériles de collégiens paraissaient au final un moment délectables?

Pour une fois, il avait raison, tellement qu'elle le détestait pour ça. La mâchoire crispée, les poings aussi, Artémis prit le temps de retrouver son souffle avant de répondre.
Si elle avait prévu de le traiter d'abruti, ou n'importe quel nom d'oiseau lui allant à merveille, finalement, c'est sa crainte pour lui qui prit le dessus.

- Je...

Parler, mais pour dire quoi exactement? Incapable de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait, Artémis s'interrompit, comme en apnée.

- tu...

Non, ce n'était pas un meilleur début. Il menait au même aveux: elle avait peur.
Mélange de rage et de frustration, Artémis se laissa aller à des gestes emprunts de nervosité parfaitement inhabituels. A la limite de s'arracher les cheveux et refusant encore l'inévitable, elle se dirigeait doucement vers le point de rupture.