Moins on est de fous, plus il y a bouderie

(pardon pour ce titre scandaleux XD)

Se rend au boudoir de Snape, un livre à la main et tout de vert émeraude vêtue (précision existentielle). Sans savoir si Snape s'y trouve, se fait connaître dans l'espoir de ne pas essuyer les mêmes échecs qu'à son bureau et en salle des professeurs.

Lui tend le livre qu'elle tient en main :

Merci pour le prêt.

Enveloppe le tout d'un bref sourire.

Se contente de baisser les yeux sur le livre, puis de l'attraper, l'air toujours aussi peu convaincu.

Fut-il utile?

(tain, ce jeu de mot, c'est beau...)

Plus que je n'aurais pu l'imaginer.

Esquisse un sourire mystérieux avant de se faire impassible. Avec un rien de moquerie dans la voix :

Bien. Je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Abaisse légèrement la tête afin de le saluer.

Suit machinalement le regard de Snape alors que son esprit analyse toujours sa réaction. Reporte les yeux sur l'homme et lance comme si de rien n'était, presque dans un murmure :

A moins que ce ne soit pas le cas.

Hoche la tête en signe d'acquiescement, les traits toujours durs.
Il resta silencieux encore un instant, le temps de porter son regard vers l'intérieur de ses appartements, puis de revenir sur Mina.
il en avait vraiment plus qu'assez; et même s'il détestait tout ce qui n'était pas utile et occupation, ce soir, il avait bien envie de chercher refuge dans ce qui n'avait rien d'utile ni d'occupation.

Avais-tu quelque chose de prévu?

Là encore, le ton était encore un peu froid et tendu, mais il savait aussi ne pas avoir à faire l'effort de paraître continuellement sous contrôle en présence du professeur de potion.

Sarcastique, lance sa phrase sans hésiter, faisant clairement écho au genre de réponses qu'elle pouvait parfois faire à Snape lorsqu'ils étaient jeunes :

Je pensais aller tuer un peu de racaille moldue, mais passer du temps avec toi serait un honneur.

Sourit, malicieuse, mais n'en fait pas plus. Elle savait qu'à l'époque déjà, Severus n'aimait pas ce genre de sous-entendus malvenus.
Reprend sur un ton normal cette fois :

Une promenade dans l'enceinte du château serait-elle à ta convenance ou préfères-tu t'éloigner de possibles oreilles indiscrètes ?

Snape plissa brièvement les yeux à la pointe d'"humour" de Mina, insondable, puis détourna les yeux alors que leur écho résonnait désagréablement en lui, plein d'amertume.
Il aurait aimé pouvoir en rire, mais il y avait peu de chance pour que ce soir il en soit capable.
Doucement, il ferma la porte derrière lui, et acquiesça en silence.
En effet, il avait envie de s'éloigner, mais il doutait de trouver le moindre endroit dépourvu d'oreille dans ces murs. Aussi proposa-t-il autant qu'il imposa une destination tout en commençant à marcher.

Pré-au-lard.

?

Le point d'interrogation arrivait un peu après coup, comme si Snape se rappelait que c'était le genre de chose important, mais trop tard.

D'humeur sombre (on s'en était pas rendu compte...), Snape partit d'un pas efficace si ce n'est véritablement rapide. Bras croisés sur son torse, il jetait des regards noirs à droite et à gauche, l'air d'un capitaine en pleine inspection de ses troupes. Et pas le genre de capitaine qui joue les mamans auprès de ses hommes... Qu'on se le dise.
Plongé dans ses pensées, il était parfaitement conscient de la présence de Mina à ses côtés, et le faisait savoir en lui tenant une porte par ci, en posant un regard pensif sur elle, ou en se décalant pour lui laisser la place dans le couloir. Mais pas une seule fois il ne fit mine d'engager la conversation ou de l'alimenter. Il n'avait pas pour habitude de se forcer en temps normal, de faire la conversation par politesse, et si en cas de malaise ambiant il n'aurait eu aucun mal à y remédier, il n'en ressentait tout simplement ni l'envie, ni le besoin.
C'était ainsi avec Mina.
Toutefois, une fois arrivée à la porte de Poudlard, le monsieur finit par ouvrir la bouche:

"- La tête de sanglier?"

Snape était vraiment le partenaire parfait pour passer une soirée joyeuse et pétillante.

Il ne semblait pas si loin, le temps où Mina parcourait les couloirs du château auprès de Severus Snape, son camarade de classe. Bien entendu, beaucoup de choses avaient changées depuis, si ce n’est cette habitude confortable d’aller d’un point A à un point B en silence, usant des passages les moins fréquentés. Mina n’était pas du genre bavard en général – et inutile de préciser que Snape en était encore plus éloigné qu’elle – ce qui rendait la situation tout à fait naturelle pour elle, bien qu’elle se pose un certain nombre de questions à propos de son compagnon. Elle savait parfaitement que rester distante et méfiante se devait d’être son attitude. Pourtant, la présence de Severus tendait à la rassurer. Il était, après tout, la seule personne à qui elle pouvait se raccrocher au château, et il fallait croire que par moments, elle en avait besoin malgré la complexité de la situation. C’est pourquoi, en dépit de l’atmosphère plutôt maussade qui se dégageait de ce rendez-vous improvisé, elle se sentait d’humeur enjouée.
Lorsque Snape proposa la tête de sanglier, elle ne put réprimer une petite moue, songeant à toutes les mauvaises oreilles susceptibles de cafarder aux plus hautes instances. Avec un sourire servit dans l’indifférence du mauvais caractère de Severus, elle proposa plutôt :

Pourquoi pas aux trois balais, dans la petite salle du haut ? Le directeur de Poudlard a sûrement ses entrées auprès de Mme Rosmerta.

Elle haussa un sourcil pour souligner sa question, toujours malicieuse.

L'évidence de la remarque de Mina la frappa avec tant de force qu'il en grimaça. Bien sur, comment n'y avait-il pas pensé plus tôt?

"- Tu as raison. Il faut croire que je n'ai pas encore réalisé que j'étais le directeur de Poudlard."

L'ironie était présente, prête à mordre et seule une pointe de fatigue l'en empêchant. Il était véritablement épuisé par ses fonctions et tout ce qui pesait sur ses épaules. Bien sur, comme souvent, il était difficile, voir impossible, de s'en rendre compte tant sa maitrise était totale.
On aurait donc pu se méprendre sur la raison de son mécontentement, croire que la remarque de Mina lui avait déplu, mais non. Il n'en était rien. Snape n'avait juste aucune complaisance pour les fautes d'inattention qui pouvaient lui échapper.

"- Allons-y, Rosemerta ne pourra de toute façon rien me refuser. Directeur de Poudlard ou non."

Bien qu'il semble avoir oublié, momentanément, son rang, c'est royal qu'il passa devant les gardes à l'entrée de Poudlard. D'un geste de la main, il renvoya les hommes en arrière alors que ces derniers venaient s'enquérir de l'identité des arrivants.
Sans que ces pauvres bougres ne l'aient mérité, il leur envoya un regard noir.

"- Où se trouve votre baguette?" Interrogea-t-il en s'arrêtant soudainement.
Voyant que son interlocuteur palissait en prévision d'un bon bafouillage, il explosa:
"- Vous êtes des incapables... Être inutile ou stupide serait déjà une erreur à votre poste, mais cumuler les deux en un seul être relève de l'exploit. Je veillerais à m'entretenir avec votre supérieur. Je suis curieux de connaître l’explication qu’il trouvera à votre incompétence. En attendant, je ne veux plus vous voir. Rentrez chez vous. Tous ! »

Inutile de préciser que tout ce petit monde fila sans demander son reste, et que Snape avait fait montre de son ton préféré : celui glacial à tendance goutte nitroglycérine prête à tomber.
Une fois la porte libérée de ses cerbères, Snape agita sa baguette et remua les lèvres à mi-voix. Une clareté bleu diffuse apparu puis se résorba dans l’atmosphère alors que la protection magique devenait effective.

« - Voilà. » Se contenta-t-il de conclure, la voix redevenue normale.
Surement s’était-il emporté, il en était conscient, mais ces agents de la grande brigade que Bellatrix lui avait imposé avaient tendance à l’insupporter.
L’air de rien, mais conscient plus que jamais du regard de Mina, il reprit sa route.

"- Y allons nous?" La pressa-t-il, plein de mauvaise foi.

Le mauvais caractère de Snape était loin de lui être inconnu, tout comme sa mauvaise foi. Dans son souvenir, Severus n’était pas du genre à apprécier le fait d’avoir tort ou de se sentir inférieur, ce qui le conduisait parfois à des excès. Elle était aussi habituée, à une époque, à sa façon d’être, tout simplement. Ce qui la conduisait à ne jamais réellement relever ses mauvaises paroles, ses sarcasmes ou son ton tranchant. Au contraire, elle s’en amusait souvent. C’est donc ce qui se produisit lorsqu’il reconnu que l’idée des Trois Balais était plus attrayante. Néanmoins, un profond étonnement intérieur fit surface lorsqu’elle l’entendit s’en prendre aux gardes. Elle avait, plus que quiconque sans doute, parfaitement conscience qu’il s’adressait aux hommes de Bellatrix Lestrange – et donc de Voldemort. Bien entendu, elle connaissait la vieille rivalité qui l’opposait à Lestrange, mais cela ne l’empêcha pas de songer que ce genre de comportement pouvait mener à l’imprudence. Elle ne dit rien, mais ne put s’empêcher de le sonder. La journée avait vraiment dû être mauvaise.
D’ordinaire, Snape se contentait d’éviter tout le monde pour ruminer dans son coin sa mauvaise humeur, aussi se sentit-elle à la fois flattée et sur le fil à l’idée qu’il ait accepté de l’accompagner dans un rendez-vous impromptu. Elle se demanda soudain si c’était une preuve de « confiance » (ce mot ne faisait sans doute pas partie du vocabulaire du maître des potions) ou si au contraire, elle devait s’inquiéter pour sa position. Snape était tellement tordu qu’il lui était facile d’imaginer une mise en scène visant à la mettre en confiance pour mieux la piéger ensuite. Voilà où en était les pensées de Mina lorsqu’il la pressa d’avancer.

Malgré ces cheminements intérieurs un peu trop complexes pour une attitude à propos de laquelle elle ne devrait pas se poser de questions, son visage était resté mystérieux, illisible. Tout comme Severus, Mina n’était pas d’une nature très extravertie…

Elle esquissa un sourire en coin à la remarque de son compagnon :

Laisse-moi encore savourer un instant l'écho de ton exquise élocution…

Ce n’était qu’une remarque ironique, comme souvent, car elle n’attendit pas le début de sa phrase pour suivre le pas. A la fin de la dernière syllabe, elle avait déjà rejoint Snape et marchait à ses côtés. Ne prenant le temps que d’avaler un peu d’air, elle enchaîna aussitôt, prise d’un réflexe inhabituel :

Excuse-moi. Elle lui jeta un petit regard étrange mais se reprit immédiatement en arborant de nouveau un air malicieux. J’ai juste été étonnée de te voir t’en prendre aux hommes de Bellatrix Lestrange et je ne sais toujours pas si je dois en rire ou m’en inquiéter.

Le ton était léger, mais elle pensait sincèrement ce qu’elle disait.

Son exquise élocution.... A l'entente de ce sarcasme, Snape esquissa une grimace aux allures de sourire, son humeur sombre toujours dangereusement prête à éclater. Au moins, en s'exprimant au diapason de l'humeur du directeur, Mina arrivait-elle à se préserver de ses foudres, mais elle n'était pas pour autant à l'abri d'un débordement général, du genre à ensevelir des kilomètres carrés sous des tonnes de lave en fusion. Juste après l'explosion, bien sur, celle qui envoie des bombes dans tous les sens et aplatit les arbres sous la puissance de son souffle.
Loin de culpabiliser Snape, la remarque de Mina l'attisa, étrangement, et balaya l'inconfort qu'il ressentait habituellement après tout excès.
Il serait bien passé à autre chose, dans la lignée, mais allant comme bien souvent droit au but, Mina ne lui en laissa pas l'occasion.

A sa remarque, il resta stoïque et silencieux. On aurait même pu croire qu'il ne répondrait pas, n'avait pas entendu, était plongé dans ses réflexions (rayez la mention inutile) s'il n'y avait eu un léger fléchissement de son regard en direction de Mina, le temps pour Snape de se dire qu'il n'y avait décidément que peu de choses qui lui échappait. A quel point pouvait-il être dangereux de se laisser aller en sa présence? il aurait aimé le savoir, à un point qu'il ne pensait pas possible.
Mais bien vite, il se recadra, entrant dans ce rôle qui jouait en présence de la jeune femme, celui de ce Severus Snape un brin plus "simple" qu'il ne l'était réellement, qui traçait sa route sans compromis, un idéal de vie bien défini à suivre: sa justice à lui, avec les moyens de Voldemort.
Ainsi, il savait pouvoir profiter de ces instants avec Mina, tout en ne compromettant aucun de ses secrets. Un compromis dont il se serait bien passé, mais il n'avait pas le choix après tout.
Avec une rigueur impitoyable, il regarda droit devant lui et se décida à répondre:

"- il n'est pas dans mes habitudes d'épargner les idiots."

Il savait ce raisonnement trop simple pour suffire à Mina, mais il s'enfonça tout de même, trop habitué à ce que ça suffise:

"- On ne garde rien si l'on n'a pas sa baguette à la main. Simple et élémentaire."

Conscient qu'il en fallait plus, il ajouta, avec un petit sourire carnassier pour unique accompagnement:

"- Et toutes les occasions sont bonnes pour remettre Bellatrix Lestranges à sa place."

Mina songea qu’elle pouvait facilement détourner le premier argument de Snape mais elle n’en fit rien par sagesse. Demander à Severus s’il se permettait de faire remarquer à son Maître la stupidité de certaines de ses idées serait un outrage à l’humour et un risque inutile de se faire remarquer dans le mauvais sens de nouveau.
A la seconde remarque, elle acquiesça mentalement, lançant un petit regard en coin à son compagnon, qui se fit rejoindre par un léger sourire lorsqu’il évoqua Bellatrix. Cela ne la faisait sourire qu’en surface, car au fond elle brûlait d’envie de lui demander s’il était bien prudent d’attiser la bête lorsqu’elle avait des pouvoirs qui surpassaient sans doute ceux du directeur de Poudlard. Mais il n’était pas faire preuve de jugeote que de jouer à la maline ce soir là, aussi se contenta t’elle de faire une remarque peu pertinente :

C’est un passe-temps qui me conviendrait très bien.

Silencieuse et impassible, elle poursuivit son chemin, suivant le fil de ses pensées. Elle ne savait pas vraiment quelle attitude adopter : fallait-elle qu’elle demande à Snape pourquoi il était d’humeur aussi ravageuse, parler d’autre chose pour lui changer les esprits ou se taire ? Faire la conversation pour le plaisir n’était pas vraiment son truc… Ce qui ne lui laissait plus guère de choix. Et si d’ordinaire, elle aurait opté pour le dernier, cette fois-ci, elle se risqua au premier avec une certaine subtilité. C’est toujours d’un ton léger qu’elle choisit d’aborder le sujet de manière indirecte :

Du moment que tu ne passes pas tes nerfs sur moi, tout va bien.

"- C'est un passe-temps que tout le monde ne peut pas se permettre, malheureusement."

Et voila, Severus Snape, celui qui pestait tout son saoul sur James Potter, était de retour. Les années et l'expérience ne l'avaient rendu que plus incisif et patient à l'égard des individus qu'il prenait en grippe, de quoi leur donner des sueurs froides, si seulement ils avaient eu un tant soit peu de conscience du danger, ce qui était loin d'être le cas de Bellatrix. Et Potter, n'en parlons pas puisqu'il est mort et que les morts n'ont plus de raison d'avoir peur, de toute façon.

Bref. Il avait aussi apprit à ne pas s'apitoyer sur son sort, fort heureusement. Ce qui n'empêchait pas que les occasions de s'épancher soient trop rares pour qu'il en manque une et n'en profite pas. Pauvre Mina... Voila qu'elle devait se coltiner un Snape bougon et en manque de reconnaissance. Mais qu'à cela ne tienne, il avait aussi prévu d'aller ronchonner au près de Voldy un de ces quatre, activité au combien réjouissante!
En attendant, il y avait Mina, et cette dernière prenait les devants apparemment. Ce qui n'était pas pour plaire à Snape. Pas encore sur la défensive, mais en bonne voie, c'est-à-dire cassant/glacial:


"- Je n'ai pas pour habitude de m'en prendre aux innocents. Ce n'est pas non plus par plaisir que j'ai remis ces hommes à leur place."

Vraiment ? Tu devrais, ça fait du bien parfois.

Une fois encore, elle avait parlé avec légèreté et souriait, histoire de laisser planer le doute sur l'éventualité d'une remarque purement humoristique, ou pas.
Elle haussa les épaules en faisant une petite moue déçue :

J'aurais trouvé ça plus drôle en tout cas... mais tu n'es pas là pour amuser la galerie.

Sur cette dernière remarque, elle avait parlé comme quelqu'un qui laisse s'échapper ses pensées à voix haute. Sauf, bien entendu, qu'elle n'était pas de ce genre.

Cette fois-ci, c'est un regard noir que Mina reçu en retour, du genre qui figerait n'importe quel étudiant sur place, dans l'attente d'un verdict qu'on espérerait pas trop dur.
Juge implacable et intransigeant, Snape annonça la sentence:

"- Il est en effet question d'affaires bien plus sérieuses qu'il n'y parait. Mais ce ne sont pas là des préoccupations d'enseignant."

Il n'y avait là nulle attaque, juste une observation. Avec Mina, Severus n'avait jamais eu pour habitude de parler politique. Elle était une compagne d'apprentissage et de découverte. Il ne s'attendait donc pas particulièrement à ce qu'elle soit un interlocuteur très avisé dans ce domaine.

"- Si nous ne souhaitons pas que cette école devienne le lieu parfait pour réaliser des lavages de cerveau plutôt qu'une source de savoir, il est important de tout faire pour le préserver."

ça au moins, il savait qu'elle pouvait le comprendre.

Elle se réjouit de le lui entendre dire, au moins. Cette fois d'un ton bien plus sérieux, bien que son visage ne se soit en rien départit de sa décontraction :

Il est réconfortant de savoir que tu t'y essaies malgré les problèmes que la dictature engendre en tout cas.

Elle fit un sourire étrange.

Dommage que tu n'arrives pas à trouver d'autres professeurs de mon acabit, cela t'aiderait sûrement plus que des Carrows en série.

Mina aimait de temps en temps pointer du doigt le fait qu'elle s'estimait à sa juste valeur. Ce n'était peut-être pas le moment de le faire, mais en cette occasion, cela relevait d'un but bien précis.

Se contente d'un haussement d'épaule, l'air peu concerné cette fois-ci.

"- J'y travaille. même si réunir une équipe convenable est toujours une épreuve à la limite d'être surmontable."

Sous entendu, les idiots sont partout. Autre sous entendu: oui, Mina fait parti de ceux qui ne sont pas des idiots. Mais quant à ce qu'il le dise, faut pas abuser non plus.

Regard plissé, il s'attarda sur le visage de Mina alors qu'il prononçait ces quelques mots:

"- Au moins ai-je l'appuie du Seigneur des ténèbres."

A mesure qu'ils s'approchaient de pré-au-lard, la pénombre s'éclaircissait.

Mina ouvrit la bouche mais ne répondit pas, se coupant dans son élan. C'était précisément dans ce genre de situation qu'elle devait faire attention à ne pas pousser le sarcasme trop loin. En l'occurrence, elle savait que plaisanter sur Lord Voldemort était une mauvaise idée.
Elle referma donc la bouche et tourna la tête vers Snape pour le regarder droit dans les yeux, impassible. D'un ton égal, elle répondit aussitôt :

Voilà pourquoi j'ai toujours songé que Dumbledore n'aurait pas du se passer de soutien politique : cela nous aurait évité des professeurs tels que Bradchette. Toi au moins, tu ne risques pas de faire cette erreur.

Mina faisait référence à un professeur de Défense pour le moins mémorable dans son genre.
Elle avait conscience de répondre un peu à côté, évoquant Dumbledore gratuitement et affichant un sarcasme dangereux dont Snape se rendrait compte s'il y réfléchissait un peu. Pourtant, rien dans son attitude ne montrait qu'elle franchissait des limites. Son sérieux ne faisait aucun doute pour qui ne cherchait pas à voir trop loin.
C'était une manière pour elle d'amener la conversation autour d'informations dont elle avait besoin. Pas pour l'Ordre - du moins, pas que pour l'Ordre - mais aussi pour elle. Mentir faisait partie de son quotidien.

Sarcastique:

"- Je te remercie pour ton soutien."

Non pas qu'il se fiche de l'avis de Mina, mais il ne voyait juste pas l'intérêt de sa remarque. S'ils étaient d'accord sur ce point, à quoi bon se complaire dans l'autosatisfaction à travers ce genre de commentaire?
En accompagnement de cette pensée, Snape envoya un regard moqueur à Mina. Ce n'était pas le genre de la demoiselle de parler pour ne rien dire.

"- Même s'il me surprend de t'entendre parler ainsi."

Au ton employé, il apparaissait clairement qu'il était plus que surpris. A dire vrai, il avait déjà une petite idée derrière la tête. Et pour cause, il était habitué, maintenant, aux discussions avec des politiciens et autres spécialistes des ronds de jambe. A leur contact, il avait appris qu'on ne parlait pour ne rien dire que pour deux raisons: soit on n'avait rien à dire, ce qui n'était pas le cas de Mina, soit on avait un but bien précis en tête, et dans ce cas il aimerait bien savoir ce qu'il en était.

Il arrivait aussi que Snape se trompe. Rarement, mais ça arrivait. Aussi préféra-t-il se taire et voir ce que Mina en dirait.

Mina regarda Snape avec étonnement, ne comprenant pas pourquoi sa remarque le surprenait.

Vraiment ?

Elle marqua un silence avec une moue de surprise. D'un ton léger :

Tu n'as pas l'habitude que je te soutienne, c'est ça ?

Elle sourit comme s'il s'agissait d'une idée particulièrement touchante et drôle. Il est vrai que Snape devait être étonné de l'entendre parler politique de la sorte, mais après tout, n'y était t-elle pas obligée en ces temps de guerre ? Ce qui l'étonnait, elle, c'était que Snape le lui fasse remarquer.