Le duel c'est la santé

Petit rire narquois.

J'étais en train de griller, tu m'excuseras.

Lâche tout à fait Malloy et fait venir sa canne à lui d'un coup de baguette, ainsi qu'une flasque qu'il tend à la femme.

Tiens, bois ça. C'est un remontant.

Fait signe non de la main.

J'ai appris à ne boire que dans un récipient en lequel j'avais confiance.

D'un coup de baguette, fait venir à elle la bouteille d'eau qu'elle avait emporté. L'attrape, l'ouvre et boit. Recrache à moitié par terre en avalant de travers à cause de la douleur à sa gorge.

Je vais aller me faire une potion revigorante je crois.

Porte sa main à son cou pour le masser. Une marque violacée y était apparue.

Grogne :

Comme tu veux.

Montre sa marque au cou.

Ca partira dans quelques jours.

Rebrousse chemin vers le banc pour aller s'assoir.
Une fois assis, lance à Malloy alors qu'elle s'aprête à sortir de la pièce :

Alors ? T'attends la prochaine fois avec autant d'impatience ?

Lance un regard en coin à Maugrey.

Mardi, à 9h. Je vous attendrai de pied ferme.

Le voit esquisser un sourire en grognant et sort de la pièce.
Elle se sentait complètement affaiblie, ses muscles la faisant souffrir atrocement et son cou bien plus encore. Se passe une main sur le front pour en essuyer la sueur. Ses cheveux lui collait au dos tant elle avait transpiré.
A pas lents, se dirige vers son labo pour aller prendre une potion apaisante.

Mains dans les poches, arpente le couloir et y croise Mina.

Et ben, on dirait que Maugrey y est allé fort.

Lui sourit.

Tout le monde est au courant de tout ici.

Lui sourit en retour.

Viens donc m'aider à monter les escaliers au lieu de te moquer.

Accroche sa main à la rampe en grimaçant.

Bien, chef.

S'approche de Mina et lui tend le bras pour qu'elle s'y accroche. Regarde son cou.

Il adore le sortilège d'étranglement. La dernière fois j'ai gardé la marque pendant deux semaines tellement il y est allé fort.

Se tient à Sirius d'un côté et à la rampe de l'autre. Ses cuisses souffraient vraiment.

Oui, j'ai encore un peu de mal à respirer. J'ai les muscles en feu. Je voulais aller prendre une potion revigorante mais je crois que la douche s'impose.

Taquin :

Tu as raison, la douche c'est une bonne idée. Tu es toute collante.

Arrive en haut des escaliers.

Je pensais que tu serais mieux entrainée que ça, à vivre aux côtés d'un auror.

Souffle un peu.

Je ne me suis pas entraînée depuis presque un an. On faisait des séances de duel toutes les semaines avec John mais sur les derniers mois il n'en avait plus vraiment la force.

L'entend parler de Ripper pour la première fois. Un peu maladroit, fini par lui demander :

Qu'est ce qu'il avait ?

Inspire profondément en poursuivant sa marche.

Tu te rappelles ses tics quand on était en classe ?

Le voit hocher de la tête.

On a appris plus tard, quand il est parti de Poudlard, qu'il était en fuite à cause des Mangemorts et pas parce qu'il avait été placé là par le Ministère.

Oui, je m'en rappelle aussi. Tu m'as dit que tu l'avais aidé par la suite, la dernière fois.

Exact. Mais ça c'est une autre histoire. La vérité c'est qu'il a fait parti des Mangemorts pendant plus d'un an, sous couvert. Il était la taupe du Ministère.

Sirius ralenti alors qu'ils arrivaient au niveau des douches. S'appuie contre le mur.

Lorsqu'il s'est fait découvrir, il a été enfermé et torturé pendant deux jours par les Mangemort. Il n'en a jamais vraiment parlé. Tout ce que j'en sais c'est qu'ils l'ont torturé le plus possible avant de le laisser pour mort. Ses tics étaient dû aux nombreux Crucio qu'il avait reçu, entre autres. Ses nerfs ont été tellement touchés que son cerveau ne les contrôlait plus.

Regarde Sirius l'écouter avec attention tandis qu'elle poursuit naturellement :

Lorsqu'il s'est enfui, il a été pris en charge presque immédiatement par l'Ordre. Ils ont pu le soigner suffisamment pour le ramener à un état presque normal. Mais le mal était trop encré. Ses cellules nerveuses se détérioraient au fur et à mesure que le temps passait.

Passe une mèche de cheveux derrière son oreille.

Sur les premières années, il arrivait à gérer la douleur mais ensuite, son état s'est mis à empirer. A dire vrai, c'est pour lui que j'ai travaillée de façon aussi acharnée sur la maladie de Célide, afin d'y trouver un remède. Jusqu'à ce que j'y parvienne, j'ai tout de même trouvé de quoi soulager sa douleur. Mais à ce stade là, les potions ne faisaient qu'alléger sa peine.

Baisse le regard, plongée dans son histoire.

Sur les dernières années, il s'est mis à faire des crises de plus en plus fortes. Ses muscles ont commencé à en patir aussi. Le cerveau était atteint dangereusement. Parfois je le retrouvais hurlant à terre, victime de spasmes, d'hallucinations, etc... Ca ressemble de près à une crise d'epilepsie pour ce qui est des effets.
Il a donc fallu trouver une potion plus puissante mais même là, je restais incapable. Les années avaient pris trop d'avance sur sa maladie et moi trop de retard dans le remède.
L'année dernière, lorsque TCQ est réapparu, ses crises se font manifestées de plus en plus. Les derniers mois ont été insupportables à vivre pour lui. Il devenait à moitié fou.

Commence à sentir que sa voix est moins assurée.

La dernière nuit... il a fait une crise si violente que j'ai cru qu'il allait faire une attaque. Il m'a supplié de lui donner quelque chose pour le soulager, n'importe quoi.

Fronce les sourcils alors qu'elle commence à revoir la scène dans sa tête.

Il avait déjà avalé 3 fois la dose normale de Médicélide et lui en donner plus risquait de l'achever. Mais...

Sa voix se brise un instant avant de reprendre. Relève des yeux perdus vers Sirius.

il souffrait tellement... Il m'a supplié de... de mettre un terme à tout ça... Il ne pouvait plus supporter tout ça, ni pour lui, ni pour moi. J'ai refusé pendant des heures et finalement, je... j'ai dû lui donner, tu comprends ?

S'arrête de parler un instant en avalant difficilement sa salive. Ses yeux étaient humides mais elle ne pleurait pas. Fronce de nouveau les sourcils.

Une fois qu'il l'a eu prise, il est lentement revenu à un état normal et puis, il a commencé à somnoler. Il savait qu'il allait mourir et je le savais aussi. Pourtant on a continué à se parler comme si de rien n'était. Il m'a... il m'a dit des choses tellement...

Marque un silence en empêchant sa voix de se briser de nouveau. Elle ne savait pas pourquoi elle racontait tout ça.

Et puis il a fini par s'endormir, paisiblement. Il avait l'air si détendu et calme. Heureux. Je suis restée là à le regarder, jusqu'à ce que sa respiration soit si lente qu'elle finisse par cesser d'être.

Les yeux baissés, se sent paisible à cette dernière image qu'elle a de lui : allongé, les yeux clos, un léger sourire aux lèvres, sa main serrée dans la sienne.

Vit le récit de Mina au travers d'elle, sans l'interrompre jusqu'à ce qu'elle ai fini.
Le visage penché vers elle, lui dit d'une voix douce :

Tu devais l'aimer plus que tout pour avoir le courage de le faire. A présent il est en paix là où il est.

La gorge serrée, souffle :

Je sais.

Comprend plus que tout en cet instant, à son expression, la souffrance qu'elle peut ressentir et le manque. Sa solitude, et sa force. Passe doucement une main sur sa joue alors qu'elle relève des yeux toujours humides vers lui. Alors, porté par rien de plus que l'envie de lui dire qu'elle n'était plus seule, se penche lentement vers elle et vient déposer un baiser tendre sur ses lèvres comme il aurait pu la prendre dans ses bras. Pose un instant son front contre le sien avant de se reculer et retirer sa main de son visage.
Il voyait dans son regard qu'elle avait compris son intention et qu'elle lui en était reconnaissante, même si tout ceci paraissait étrange.

Lui sourit soudain en lui disant sur le ton de la plaisanterie.

Va prendre ta douche, tu colles vraiment trop.

Reçoit le baiser de Sirius comme un soulagement à ce qu'elle ressent.
Avale sa salive difficilement puis sourit tristrement en l'entendant parler. Hoche de la tête pour signifier qu'elle y va et le regarde s'en aller sans un mot de plus.

Sirius ?

Lui sourit :

Merci. De m'avoir écouté.

L'expression triste, lui sourit en retour.

Ne me remercie pas. Je suis là pour toi, si tu en as besoin.

Reprend sa marche, peiné pour elle mais reconnaissant qu'elle se soit ouverte à lui.