One step closer

Une fois n'est pas coutume, Artémis ne savait plus où elle en était. L'envie de se rouler en boule dans un coin le disputait à cette impression qu'elle pourrait mettre le monde à ses pieds rien que par la force de sa conviction. Mélange détonnant que voila et qui la plongeait dans le plus profond des désarrois.
Si elle éprouvait le besoin de trouver des réponses auprès de Barker, ce dernier lui en refusait le droit de la plus frustrante des façons. Jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à ce qu'il lui fasse remettre un lieu et une horaire pour un rendez-vous.
Le coeur battant entre crainte et attente, c'est à l'heure qu'elle se présenta. Pourtant, main sur la porte, elle ne pouvait se résoudre à frapper. Quelque chose la retenait. Quelques secondes, elle resta ainsi, jusqu'à ce que d'une secousse, elle se reprenne et pose la main sur la poignée de la porte et l'ouvre.
Impossible de savoir à quoi s'attendre. Tout ce qu'Artémis savait, c'est qu'elle n'aurait pas pu résister à l'envie de rejoindre Barker.
Elle resta donc là, dans la lumière chaude et colorée de cette fin de journée, à chercher Barker des yeux puis à se repaitre de son image et de sa présence.
C'était pure folie que d'être là, elle s'en rendait compte avec plus de force à chaque instant. Mais qu'y pouvait-elle? Quelle autre choix avait-elle?!

Aucun...

Les pas s'étaient d'abord arrêtés au seuil de la porte. Nathaniel avait gardé une posture des plus sereines mais son sang battait cette fois si fort en lui qu'un frisson commençait à le parcourir. Ses narines se dilatèrent imperceptiblement alors que les effluves de la jeune fille lui parvenaient. Avant même qu'elle n'ait avancé sa main pour ouvrir la porte, Nathaniel su. Le frisson parcouru son échine et s'acheva par un sourire des plus satisfaits.
Lorsque la jeune fille entra, il fit pivoter son fauteuil lentement, se dévoilant à elle comme au ralentit. Son sourire fut alors aimable, discret, tandis que ses prunelles visibles toutes deux laissaient présumer un danger.

Entre, mon enfant, s'amusa à dire Barker d'un ton des plus innocents, l'invitant d'un geste à venir prendre place là où elle le souhaitait.

Et, alors qu'elle s'avançait, ses yeux la dévorèrent.

Cible s'avançant à découvert, Artémis n'allait pas pour autant s'en laisser compter. Fière, elle redressa le menton et envoya un regard plein de défi à Barker.
Mon enfant? Vraiment?!
C'est même avec un peu de mépris qu'elle prit place dans le fauteuil juste à côté de celui du vampire. Proie venue titiller son prédateur, elle se jouait de sa peur pour mieux en faire une force.

"- C'est donc pour jouer les nourrices que vous m'avez fait venir...?"

Consciente d'exposer un peu trop son orgueil blessée par ces quelques mots, Artémis baissa les yeux un instant, honteuse. C'est avec moins de hargne et en exposant plus ouvertement sa déception qu'elle ajouta:

"- J'osais espérer que nous aurions mieux à faire."

Et encore... Par pudeur, elle en taisait tellement que ses propres paroles résonnaient étrangement à ses oreilles. La vérité était qu'elle brûlait de connaitre à nouveau l'empreinte de sa morsure. De devenir sienne pour ne plus jamais retrouver cette existence si terne et douloureuse qui était la sienne.
Alors que cette envie gonflait en elle, inavouable mais intense, Artémis en avait oublié toute retenue, plongeant dans le regard de Barker. Ce n'est qu'à grand peine qu'elle retrouva ses esprits, s'accrochant à ses envies propres, ses idéaux.

Barker resta impassible face à la remarque. A dire vrai, elle l'amusait beaucoup. Pour peu, en viendrait-il à apprécier cette façon à la fois enfantine et adulte de se défendre très bientôt.
Il laissa planer un silence avant de reprendre à voix basse :

J'ai en ma possession les documents que vous m'avez demandé, Miss.

Il posa la main dans les airs et aussitôt, un dossier scellé vola à lui. Le visage légèrement baissé, il laissa un coin de ses lèvres se rehausser, comme dans un sourire.

Libre à vous de deviner comment les obtenir à présent.

Ses yeux se relevèrent sur elle. Celui qui n'était pas abimé la transperçait.

Les documents qu'elle lui avait demandé...
Immédiatement, Artémis vit son désir de les posséder passer en premier plan, écrasant sans hésiter le désir qu'elle pouvait ressentir pour Barker. Plus rien n'importait pour l'instant. C'est donc avec un soupçon de contrôle de soi et de froideur qu'elle pu recevoir son regard et réfléchir à la réponse à y apporter.
Ou plutôt, tenter d'y réfléchir. C'est avec une grande froideur qu'elle conclut qu'il ne servait à rien d'essayer de calculer. On ne faisait pas des plan sur une comète qui ne faisait rien comme les autres.

Le coeur battant d'une terreur sourde à l'idée de ce qu'elle s'apprêtait à faire, Artémis se leva soudainement. Il y avait comme une explosion dans ce geste là, de celles qui ponctuent un coup d'état et qui vous laissent l'esprit aussi fébrile qu'au réveil d'un rêve par trop réaliste.

Elle avait fait son choix. Droite au dessus et face à Barker, Artémis tendit la main, décidée, en attendant que lui soit remis le dossier.

C'est un bon début, n'est-ce pas...?

Et il y avait ce qu'il fallait d'invite dans son regard et son attitude pour pousser Barker à la rejoindre.

De par sa nature marginale, Nathaniel avait appris à dissimuler. Parfois, il lui était compliqué de rabrouer ses instincts pour n'afficher qu'un détachement feint. Il devait alors faire appel à un sang froid sans faille.

Sans bouger, il ignora l'envie qui le dévorait. Ses crocs restèrent sagement couchés au sein de sa bouche, qui se tordit en un léger rictus amusé.
Il releva le visage, suffisamment pour dominer Prewett de la puissance de son regard. Il n'y avait là aucune magie ni aucun charme. Le regard de l'homme était celui d'un félin qui s'apprêtait à jouer de manière cruelle avec sa proie. Encore.

C'est un début, se contenta t-il de formuler d'une voix profonde.
Il porta son regard sur la paume de la jeune fille. A travers sa peau laiteuse, il distinguait ce dont il avait soif. Il aurait été si facile de s'emparer de son poignet, là où ses veines le narguaient.Trop facile.
Il inspira lentement alors que la trajectoire de ses yeux suivit le corps d'Artémis de son poignet jusqu'à son visage, marquant un arrêt au niveau de sa gorge.

Qui est loin d'être satisfaisant, acheva t-il enfin.
La tension était à son comble, mais il suffit à Nathaniel d'un battement de paupière pour recouvrer ses esprits. Pour l'instant, le coeur de la jeune fille suffisait à nourrir son désir.
Il composa une expression plus douce et tendit le dossier au dessus de sa main, l'effleurant à peine. Si elle le prenait, il maintiendrait la pression.

Je ne vous laisserai qu'une chance, Miss Prewett, souffla t'il d'une voix suave. Prouvez-moi que vous en valez la peine.

Il relâcha alors son étreinte. Elle était impressionnée, cela ne faisait aucun doute. Malgré la détermination qu'elle affichait, sans faille, il avait perçu les vibrations de son corps. Seul un vampire avait pu remarquer sa main frémir, ses hormones s'affoler. Il y avait une part de peur, ce qui rendait l'aventure plus excitante. Mais il y avait surtout du désir. Un désir qui lui serait bientôt consacré.

Elle l'avait bien en main, ce dossier tant désiré. Non pas en lui-même, après tout, il était intéressant, mais pas à ce point. Ce qui importait aux yeux d'Artémis c'est qu'il serait le premier d'une longue série; le symbole d'un pacte qu'elle espérait fructueux même s'il présentait l'inconvénient d'être signé avec le mal.

Initiant un mouvement, elle sentit une résistance s'y opposer, suffisamment marquée pour insuffler en elle le souffle pernicieux et dévastateur du doute et de la peur d'échouer. Tendue, elle redressa le menton pour mieux renvoyer un regard froid et hautain à Barker. Toutefois, ce dernier ne faisait pas oublier ce qu'elle ressentait réellement; elle n'en avait pas la force, trop obnubilée qu'elle était par son soucis d'échouer à donner le meilleur d'elle même.

Récupérant finalement sa main et se sentant à la limite de fondre sous le regard de Barker, Artémis se garda bien de soutenir son regard alors qu'elle rassemblait ses esprits pour mieux formuler une réponse. Mille fois elle avait répété cette scène. Et pourtant, sa voix manqua lui faire défaut quand elle voulut répondre.

- Je n'ai pas l'intention d'être de ces greluches qui se croient suffisamment belles et désirables pour que ça suffise à leur apporter tout ce qu'elles désirent sur un plateau.

Alors, seulement, son dossier serré contre son ventre, elle osa rendre son regard au vampire:

- J'ai encore bien trop à apprendre.

Et là, si elle s'était imaginée reine montant courageusement à l'échafaud chaque fois qu'elle répétait ces quelques mots, c'est à la façon d'une princesse avouant difficilement son amour qu'elle s'exprima.

- Je suis votre, corps et âme, pour le pire et pour le meilleur.

Trop tard, sa dignité la rattrapait, coupant là cette déclaration vibrante. Artémis ferma les yeux un instant pour mieux repousser les tumultes de sa passion ne demandant qu'à la faire deriver au loin. Une fois prête, elle reprit, sur un ton un peu plus proche de celui recherché en premier lieu.

- Mais nul outil ne saurait accomplir correctement son office sans une main pour le manier. Apprenez-moi. Et alors, je saurai vous contenter comme vous ne l'avez jamais été.

Nathaniel plissa les yeux de manière imperceptible, ne disant mot. Oui, la rouquine avait encore beaucoup à apprendre. Ce n'est que lorsqu'elle se dévoua corps et âme à lui que son regard se transforma. On pouvait y lire sa satisfaction. Prewett ne le savait pas, mais elle venait de prononcer les mots qui scellaient son destin. D'elle-même, elle venait de se faire sienne à jamais.
Une expression malicieuse apparut sur le visage de l'hybride.
Lorsqu'elle en eut terminé, Barker se leva lentement, ne cessant de la fixer. Même son oeil abimé semblait transpercer le coeur de la jeune fille.
En une fraction de seconde, Nathaniel se retrouva à quelques centimètres de son visage, la main droite refermée sur le poignet de sa proie. La prise était ferme et non douloureuse. Il sentit le sang de Prewett s'affoler.
Son regard se fit intense. Nathaniel était presque admiratif du courage que montrait sa nouvelle reine. Elle ne s'était pas démontée, s'était livrée sans insouciance même si elle ne savait pas encore ce que cela signifiait.

Je l'espère, murmura t-il dans un souffle. Il serait regrettable d'avoir à s'en arrêter là...

Puisque les choses étaient allées si loin, bien que Nathaniel ne l'eut pas anticipé, il décida alors de se dévoiler plus avant. Ses doigts gantés glissèrent avec sensualité le long du poignet d'Artémis et s'emparèrent délicatement de sa main, faisant tomber le dossier à terre. Le regard de Barker se fit plus pénétrant encore, alors que d'un mouvement lent il entrouvrit ses lèvres pour dévoiler deux crocs saillants.

Je ne suis pas une main facile à contenter.

Tant d'assurance, tant d'expérience apparaissant dans chacun de ses gestes... Voila ce qui éblouissait Artémis chez Barker, ce qu'elle désirait obtenir de lui et utiliser à son propre avantage. Qu'il se cache quelque chose de sombre et d'inavouable derrière ce don n'était pas un problème. N'était plus un problème. Pas depuis que sa vie lui avait échappé au point de la laisser orpheline au milieu d'une meute de loups.

Après tout, que pouvait-il lui arriver de pire...?
De se trouver sous l'emprise d'un vampire, sans aucun doute.
C'est en tout cas ce qu'elle aurait raisonnablement du se dire en voyant les deux crocs surgir de la bouche de Barker.
Mais c'était trop tard. Le dossier était déjà tombé de sa main.

Et puis, finalement, ça lui allait. Elle n'aurait pas à lui donner autre chose que ce qu'elle était disposée à perdre. Après tout, un vampire ne s'intéresserait pas à son cœur. Qu'il prenne son sang et son âme, elle n'en avait que faire.

- J'espérais que ce serait difficile.

Et d'un pas en avant, elle franchit la dernière limite qui la séparait encore physiquement de Barker. Mais au regard qu'elle lui répondit, on sentait qu'elle tenait encore à une chose: elle n'était pas une offrande. Loin de là. Elle ne s'offrait pas complètement, gardant pour elle juste ce qu'il fallait pour s'assurer de recevoir sa part du contrat.

- Sans ça, la récompense n'en vaudrait pas la peine.

Oui, Barker était un être cruel. Sans doute plus envers lui-même qu'envers les autres, quoi que ce point reste discutable. Prewett était prête à payer le prix qu'il imposait, mais Barker n'était pas innocent à cette acceptation. Il avait délibérément insufflé cette idée en elle lors de ces 7 derniers jours. En rêve, elle avait pu sentir son corps contre le sien, son souffle contre sa peau. Elle avait ressenti le plaisir intense que provoquait la morsure. A présent, elle souhaitait qu'il la morde, son sang l'appelait malgré elle.
Nathaniel resta immobile alors qu'elle s'approchait. De ses yeux aiguisés, il la regardait sans ciller. Son souffle caressa la peau laiteuse, ses crocs semblaient prêt à mordre. Il laissa l'attente s'installer, dans un mélange de désir et d'appréhension.
Un rire aux échos de glace s'éleva alors doucement. Nathaniel se détacha de la jeune fille, rétractant ses crocs. D'une main à peine levée dans les airs, il appela sa canne à lui et y prit appui pour tourner le dos à sa proie. Le temps s'était comme arrêté pour lui. Le visage levé vers le ciel, il ferma les yeux et inspira longuement, savourant ce moment comme s'il venait de goûter à des plaisirs secrets. Il s'emplit des effluves de frustration que disséminait à présent l'odeur d'Artémis. Serein, il souriait.

D'une voix douce et profonde, il lui donna une raison de s'en tenir à son espoir :

Alors, tu as bien fait de t'adresser à moi, précieuse enfant.

Il tourna sur lui-même, malicieux, alors que son regard se posait de nouveau sur elle. Il avait mis plusieurs pas entre eux.

Je sais ce que tu recherches, Artémis.
Si tu le mérites, tu apprendras de moi tout ce qu'il te faut savoir pour obtenir la connaissance et le pouvoir. Je ne te les offrirai pas, tu devras les conquérir à tes dépends.

Si tu m'es loyale, tu seras récompensée.
Si l'idée de me trahir te séduit, sois sure d'en être capable.

Lentement, il s'approchait d'elle de nouveau, mais cette fois, son regard n'avait rien de celui d'un prédateur. C'était celui d'un guide.

Ce n'est pas ton sang qui m'intéresse, mais ton esprit, ta vivacité.

Il ne mentait qu'à moitié. Son sang l'intéressait, oui, mais pas celui qui coulait pour l'instant dans ses veines. Non, il allait lui falloir dompter ce sang, cet être. Un jour, elle se donnerait à lui. Pas parce qu'elle le verrait comme une monnaie d'échange, mais parce qu'elle en mourrait d'envie. Un jour, elle s'offrirait à lui, par sacrifice.
Le jeu ne faisait que débuter.

Ce n'est pas ton corps qui m'intéresse, mais le pouvoir qu'il te procurera sur autrui.

De nouveau face à elle, sa voix s'éteignit dans un murmure :

Par contre, c'est bel et bien ton âme que je compte emporter avec moi.

Il sourit, non plus dangereux mais résolu.

Ce qu'elle aurait aimé sentir la morsure de ses crocs sur sa nuque... De tout son coeur elle l'appelait, souhaitant rendre réels ces rêves qu'elle vivait depuis une semaine. A la façon d'une jouvencelle présentant ses lèvres pour un chaste baiser, elle avait même légèrement penchée la tête de côté pour mieux révéler la peau tendre de son cou. Mais rien à faire...

Déçue au delà de l'imaginable qu'il ne s'intéresse ni à son sang ni à son corps Artémis avait difficilement accusé le coup, pinçant les lèvres ainsi qu'elle le faisait face à la contrariété.
Mais le discours de Barker allant, c'est une décision étrange qu'elle se vit prendre. Il boirait son sang. Nul doute. Et pas seulement parce que la demoiselle en ressentait un désir physique violent, mais aussi parce que le vampire ne pourrait pas s'en empêcher, trop charmé par son esprit et sa prestance qu'il serait.
Elle saurait attiser sa jalousie et ses plus viles instincts. Pourquoi exactement? Par fierté et par vanité, ça va sans dire. Mais il y avait quelque chose d'autre qu'elle ne s'expliquait pas et qui ne venait certainement pas d'elle. Cette chose l'aurait sans doute poussée à se jeter sous les crocs du vampire s'il la demoiselle n'avait eu trop de fierté pour l'écouter. Mais pour cette fois, elle eut la force de se détourner et de quitter sa place pour mieux aller ramasser son dossier.

Le temps de calmer les battements de son coeur et de taire les élans de son coeur et de son corps, Artémis se laissa guider par son instinct. Lui n'hésitait pas, lui voyait ce qu'elle devait faire pour atteindre son objectif. Lui savait que plus elle résisterait, plus Barker la désirerait à son tour. Lui savait qu'elle ne gagnerait pas à ce petit jeu mais que c'était aussi la seule carte qu'elle ait en sa possession e une douce victoire.
Il lui soufflait aussi qu'elle n'aurait aucun intérêt à dissimuler son attirance. Bien au contraire.
Alors, chaque pensée lui permettant de mettre un peu plus son rôle en place, elle s'avança jusqu'à revenir à sa place, voir même un peu plus près.

- Très bien.

On aurait dit qu'elle se faisait difficilement une raison mais que ses envies continuaient de guider ses gestes. Douce vengeance que voila, elle se tendait de tout son être vers Barker comme pour mieux l'appeler à elle tendit qu'elle s'entretenait de façon aussi professionnelle que possible de la suite des évènements.
Le geste manquait de subtilité, mais l'idée y était d'agir avec suffisamment de discrétion pour que son intention passe inaperçue.

- Désirez-vous que je commence dès maintenant ou m'appellerez-vous plus tard pour poursuivre cet enseignement?

L'air un peu boudeuse, elle gardait avec résolution les yeux baissés pour éviter celui de Barker.

Jusqu'à présent, Prewett n'avait pas réagit une seule fois comme Barker aurait pu le préméditer avec n'importe quelle autre. Il l'avait espéré différente, l'avait goutée différente mais n'en eut qu'un début de preuve lors de cet entretien. Une étincelle de fierté en naquis dans l'esprit du vampire. Oui, s'il savait la conduire, il était à espérer de grandes choses d'elle.
Elle, si petite chose qui face à l'appel de désir et de crainte de Nathaniel avait su l'affronter sans se jeter à ses pieds. Il savait combien cela lui était difficile et la frustrait car il pouvait le ressentir malgré lui, à son odeur.
Elle débordait de désir, provocant par là-même celui de son nouveau maître. Aguichante, elle s'approcha de lui telle une promesse, l'air innocent. Barker du se détourner une nouvelle fois d'elle, pour cacher l'émergence de ses propres appétits. La lutte intérieure le dévorait, tout comme il désespérait de ne pouvoir la dévorer, elle.
Dos à elle, il s'avança lentement de l'immense fenêtre qui voyait poindre le soleil couchant.

Tu peux commencer dès à présent, si tu le souhaites, déclara t-il d'un ton calme.
Ses crocs le gênaient pour parler, aussi prit-il le temps de respirer avant de poursuivre. Dans cette pièce, je ne serai pas un enseignant. C'est à toi de décider de ton rythme.

La victoire était sienne et elle aurait due s'en réjouir, mais alors que Barker se détournait d'elle, le geste était surtout un déchirement pour Artémis.
La moue boudeuse soudainement agitée de tremblement incontrôlables, elle accusa le coup et lutta contre la déception, la rancœur et tout le panel de sentiments qui la martyrisaient un peu plus à chaque instant.

Dans ce cas...

Sa décision s'était imposée à elle, mais elle peinait à en tenir compte. C'est en se raccrochant au dossier qu'elle tenait tout contre elle qu'elle y parvint, finalement.

Je vais prendre le temps de consulter tout ceci. Au calme. J'aurai ainsi une bonne base pour poursuivre.

Voila qui était dit, mais son corps ne se laisserait pas convaincre si facilement. Pour preuve, elle restait plantée là, ayant l'air de ne pas être décidée à bouger.