Plongé dans la pénombre de la pièce, fixe un point vague. Assis là depuis des heures à présent, il ne pouvait trouver le sommeil, coeur et esprit accaparés par la douleur. Pourquoi ? Il ne comprenait toujours pas...
Pourquoi était-elle partie ? Son mal s'était insinué insidieusement en lui, creusant un chemin qu'il pensait chaque jour se voir achever, mais qui chaque jour s'étendait encore un peu plus. Même si plus que tout il désirait s'en empêcher, ses pensées le ramenaient toujours à elle : à son visage, son odeur, sa chaleur. A ses éclats de rire, au timbre de sa voix, à sa fraîcheur.
Pendant des années il avait lutté contre ses sentiments et finalement, il s'était convaincu de les accepter, de les lui faire partager. Et puis, elle s'était enfuie.
Brisé, il ignorait comment il parvenait encore à avancer. La colère, sans doute. Et cette horrible douleur qui le tenait en vie, qui vibrait dans chaque fibre de son être. Si seulement il avait su... su que se tenir auprès d'elle pendant toutes ces années en se contentant juste d'être là pour elle, de se satisfaire de la savoir heureuse, de la regarder à défaut de pouvoir la toucher, de la sentir vivre auprès de lui l'avait fait en réalité beaucoup moins souffrir que le bonheur arraché d'avoir goûté à elle... jamais il ne se serait laissé aller à cette folie.
Mais à présent, il ne pouvait plus revenir en arrière. Elle s'était inscrite en lui, pour toujours. Et il lui en voulait. Il la haïssait d'avoir choisi cette voie, celle qui l'emmenait loin de lui sans raison.
Il lui fallait abandonner, pour sa propre santé mentale, mais il n'y parvenait pas. Plus il s'y essayait, plus l'inverse se produisait. Parfois, il avait envie de hurler, de frapper. Le reste du temps, il se sentait simplement vide, froid et dur comme le roc.
Jamais encore il ne s'était senti plus humain.